Sortie

Sortie au cimetière du château

Voici le texte écrit par l'une de nos adhérentes :

But insolite? Peut-être, mais combien intéressant!


Nous y sommes allés sous la houlette de Claudine, notre bergère, accueillis par Max Vial, gardien du cimetière (une charge transmise de père en fils depuis 4 générations). Nous avons rejoint Max Bouvy, notre archéologue d'adoption, secondé par Joseph Gasparetti qui a publié dans 'Le Sourgentin' un article très documenté sur les tombes de ce cimetière.


Le roi de Sardaigne ayant interdit l'enterrement des cadavres dans les églises, les Niçois choisirent le site du Château devenu terrain vague depuis qu'en 1706 la citadelle et sa cathédrale avaient été bombardées sur les ordres de Louis XIV. En 1783 fut donc ouvert ce cimetière presque œcuménique puisqu'il rassemble des tombes chrétiennes, juives et musulmanes. Tout en terrasses et en recoins, il n'a rien de commun avec les cimetières traditionnels morne ment quadrillés par des allées droites. Il est aussi cosmopolite qu'hétéroclite. Certes nous savions tous qui étaient Gambetta et Garibaldi dont la mère Rosa repose au détour d'une allée, mais les explications de Max redonnent vie à des êtres qui pour moi au moins n'étaient que des noms gisant sur les plans de la ville. Le corsaire Joseph Bavastro est embusqué non loin de respectables maires ou sénateurs, tel Borriglione, Nicot de Villemin est blotti contre une muraille comme pour faire oublier qu'un de ses ancêtres, en donnant du tabac à Catherine de Médicis pour soigner les migraines de son fils, participa à un fléau sanitaire dû à la nicotine. Un peu plus loin, la tombe de Marguerite Matisse qui servit souvent de modèle à son père.


Je ne vois aucun détail mais une main amie me fait toucher la dentelle de pierre qui entoure une dalle et découvrir le fauteuil de marbre au pied de la tombe d'un colonel cosaque et de son chien. Ce cosaque exilé devait craindre la solitude de l'au-delà et souhaiter qu'un passant prenne le temps de converser avec lui...


Plus haut, nous découvrons le monument de la famille Lenval qui créa la Fondation Lenval après la mort de leur enfant de onze ans, faute de soins appropriés. Mercedes Jellinek est passée à la postérité quand son père décida de donner le prénom de sa fille à la fameuse voiture. Des groupes de touristes russes nostalgiques viennent encore honorer Alexandre Herzen, le grand révolutionnaire qui lutta contre le servage et décéda en 1870. Enfin, surplombant un somptueux panorama, un ange vertigineux se dresse au sommet d'un gigantesque colonne dressée pour honorer la mémoire de François Grosso qui fut maire de Nice et dont la généreuse famille légua tous ses biens à la ville. L'hôtel Grosso s'élevait à la place de l'actuel Elysée Palace.


Mentionnons encore l'émouvant mémorial à l'entrée du cimetière, dédié aux victimes de l'incendie de l'opéra en 1881.


Un coup de canon tonitruant nous rappelle qu'il est déjà midi. Hors du cimetière, nous formons le traditionnel cercle de l'amitié qui nous permet d'identifier la présence d'amis escamotés durant la visite. Un bon pique-nique vient clôturer cette très belle matinée.


Un très chaleureux merci aux organisateurs!